Par Jérôme
Mon histoire commence le jeudi après-midi, la veille de mon départ pour Belle Île. En voulant aider un collègue de boulot, je me suis pris le côté d’une grosse table en bois au dessus du genou droit, j’ai rapidement pris de l’arnica pour réduire les effets indésirables, mais voilà, une vive douleur se fait ressentir, je ne pouvais plus plier mon genou correctement....Alors j’ai commencé à tergiverser, à gamberger quant à ma participation pour Belle Île en Trail. Et la je me dis « ah non, pas une 2ème fois !!!!! ». Je me suis bien caché de le partager avec mon entourage pour ne pas éveiller la psychose (pour rappel 2 mois de blessures et un mois d’Août intense pour revenir à un niveau correct avec l’aide de mes compères Yann et Erwan, à coup de fractionnés en côtes, sortie longue, nouveaux terrains de jeu, kiné….) donc il était hors de question pour moi de ne pas y participer alors que j'avais effacé tous mes anciens maux. Alors je prends de l’arnica à avaler, de la crème à l’arnica sur l’hématome… et plus qu’à prier. Le vendredi matin, sur le quai du port de Vannes, j’attends le bateau, le temps est gris, frais, venteux, brumeux…. ça ne dit rien qui vaille !!!! Dans le bateau, la traversée du golfe du Morbihan se fait sans encombre, le calme plat avec quelques interventions micro du capitaine se prenant de temps à autres comme guide touristique, comme un air de vacances qui se dessine. Mais voila, toutes les bonnes choses ont une fin, nous sortons du Golfe du Morbihan, et là ce n’est plus la même musique, la mer a repris ses droits faisant vaciller le bateau, en le malmenant à forts coups de bourrasques de lames qui tapaient sur la cale du bateau. Plus aucun bruit dans le bateau, tout le monde prenait sa respiration, personne ne bougeait, sauf l’équipage qui demandait des nouvelles des passagers en leur proposant des sacs (pas pour faire du shopping mais….) La dernière heure de traversée fut interminable, mettant les organismes à rude épreuve…. Heureusement que je n'ai pas pris le bateau le matin de la course !!! Et nous voilà enfin arrivé, des membres de ma famille vivant sur l’Île nous attendaient sur le quai, nous voyant pas trop dans notre assiette, mais les esprits et l’estomac sont vite revenus à la normale. J’étais malgré tout encore souffrant de mon genou (ce qui ne me rassurait toujours pas à H-24), alors à peine arrivée à Palais, direction la pharmacie pour demander un traitement alternatif, complémentaire à ma cure d’Arnica, la pharmacienne me répondit qu’il n’y a rien d’autres…. alors là j’ai la goutte sur le front qui tombe et me dit comment vais je faire ? des milliers de questions ont traversé mon esprit ….. Après cette nouvelle pas très réjouissante, nous prenons place dans notre quartier général. Ne pouvant et ne voulant surtout pas aggraver ce mal, alors que j’avais prévu un footing de 30 minutes post trail. Nous avons alors donc passé la journée à marcher, visiter, à s’imprégner des lieux, contempler … et chercher bien évidemment le dossard Le soir pointant le bout de son nez, un léger mieux se faisait sentir, une lueur d’espoir ???? Samedi, mon réveil sonne, il est 7 h, ça y’est, j’y suis c’est le jour J. A peine mis le 1er pied par terre, je touche, je masse mon genou et là quasi plus de douleur….et la je me dis c’est bon, je vais pouvoir y aller je regarde dehors, plus de vent, un soleil radieux, la journée s’annonce sous les meilleurs auspices Départ prévu à 10 h, préparation du sac, des vêtements, …. le stress monte…. vérification, énième vérification (n'ai je rien oublié, le matériel obligatoire … la nourriture) Rentrons dans le vif du sujet, le départ est donné à 10 h, du monde partout, musique des grands événements, superbe ambiance… Le Gong sonne, c’est parti, je suis dans le milieu du peloton, je suis le mouvement, du monde dans les rues, chaude ambiance, je vis le moment présent… et à la sortie de la ville, PAN !!! un gros raidar dès le début, le ton est donné… Les 1ers km, 1ers bouchons, ça n’avance pas dans les côtes, je commence à ronger mon frein (alors ça va avancer ou quoi???) alors je me suis au chaud, je suis le mouvement à la file indienne, j’en profite pour regarder les paysages et mes pieds aussi. Le rythme n’est pas très élevé, je suis les recommandations de mes potes, je marche dans les côtes, je trépigne, ça n’avance pas à l’allure que je me connais. Difficile de doubler, le terrain accidenté, je me résigne et me dit que je commencerai ma course après le 1er Ravito (17ème km) Arrivée à Locmaria, pointage, ravito, je ne reste pas trainer à peine 3 min, je mange gruyère, tucs... et je suis reparti pour une autre course. Là je commence à accélérer sur le peu de plat que nous réserve le parcours, je marche dans les côtes mais à un rythme un peu plus soutenu, je double même en marchant, Je gère parfaitement ma course tant au niveau dépense d’énergie qu’au niveau nutrition, boisson, tout va bien !!!! Je rejoins vers le 24ème km un groupe de 3 coureurs, je me cale au chaud, il m’emmène, la cadence est assez élevée, nous doublons encore et encore. Je me porte devant le groupe pour faire ma part de travail, j’appuie un peu et PAN !!!! le groupe explose. Je me retrouve tout seul encore une fois, comme 90% du temps. Je fais mon bonhomme de chemin, à mon rythme, je double, double (j'en aurais doublé une centaine quand même) …. les concurrents souffrent, n’avancent plus, marchent sur le plat, s’arrêtent, s’assoient, régurgitent. c’est impressionnant !!!!!, et là je commence à me questionner « est ce que ça va m’arriver ??? » , alors je relève mon niveau de vigilance sur la nutrition,…. Le parcours est très exigeant, ça monte, ça descend, ça monte, ça descend……de vrais montagnes russes… Arrivée à Bangor (38ème km), je regarde ma montre et là je vois 4 h 24 de course et il me reste 7 km pour rallier l’arrivée, mon objectif de 5 h 30 que je m’étais fixé est à portée de main !!!! Je dois faire 7 km en 1 h, alors que je tourne à plus de 8,6 km/h. Alors je ne traîne pas, quelques barres, gruyère, je remplis mes flask et Go, go, go.... Je ne connais pas ma place mais je le sentais bien, dans le 1er quart je pense.... Cette dernière partie s’effectue dans l’Île, la traversée de Île pour atteindre l’arrivée à Le Palais, et là ce n’est plus des chemins côtiers mais des champs, des routes à faux plats montants interminables, tu ne vois pas le bout. Je regarde avec insistance ma montre, je trouve un collègue de fortune, il reste 3 km, et là on ne se pose plus de question, on fonce, et bien entendu une dernière grosse côte dans le dernier km, les cuisses font mal, on arrive en haut de la ville, une grosse descente pour franchir la ligne d’arrivée…. je me dis il est hors de question de passer au dessus de 5 h 15, je me laisse porter par la descente, du monde sur la ligne d’arrivée et la délivrance, l’explosion de joie, le poing serré je l’ai fait en 5 h 14 les 45 km avec 1250 D+. Je kiffe et je profite du moment présent, je crois que je ne suis jamais resté aussi longtemps près de la ligne d’arrivée. Ma famille était là pour mon arrivée, félicitation, photo… je me ravitaille, je mange comme un glouton, trop trop faim… Une fois n'est pas coutume, mais je suis fier de moi (L'autosatisfaction ne fait pas de mal des fois). Je rentre, une bonne douche, un goûter gargantuesque …. et la soirée pointant le bout de son nez, nous décidâmes d’aller marcher, il est environ 19 h, et là nous croisons les concurrents du 83 km, ils leur restent encore 2-3 km, ils sont sur le pont depuis 7 h le matin et doivent arriver à 20 h max (barrière horaire), je fais face à des zombies, quel courage !!! Cette sortie pédestre de 45 min m’a fait du bien pour ma détox, je ne souffre quasi pas… Le lendemain matin, je me lève et la stupeur, même pas mal, rien, un peu les cuissots sensibles, mais rien de bien embêtant, je me permets même le matin d’aller à pied au centre du Palais (2 km) faire un petit tour. Le repas du midi, je mange comme un ogre (je crois que j’ai bouffé pas mal de réserve), l’après midi, journée du patrimoine, allez go on va se promener en bord de mer, visite du grand phare et ses quelques presque 300 marches, même pas mal lol ! Le soir venant, il est temps pour moi de tirer ma révérence et de rentrer sur le continent Je pars avec le sentiment du devoir accompli, la preuve qu’avec de la persévérance, des amis, des entraînements poussés en un peu plus d’un mois, je peux réussir, une belle revanche sur le raid du golfe. Un ultra traileur est né ??? vais je aimer les longues distances, les longs efforts, je le saurai sur les 43 km du Trail de la vallée du Scorff fin Octobre avec +de1000D+ Mais en tout cas j’ai grave kiffé ! Je tiens à remercier les gens qui ont cru en moi, de leur soutien, ma team Lauzac'h Run in Nature, mes compagnons de route Yann et Erwan, Véro, La bien Nommée, ma famille...... RDV fin octobre !!!
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